L'ENIGME RV7
Chapitre III : une mission périlleuse
En une fraction de secondes, la mémoire de Samus déterra des souvenirs qu’elle croyait
enfouis pour toujours. Le cristal tomba sur le carrelage du labo, dans un tintement particulier. Samus s’appuya
contre un mur, son costume avait disparu. Elle se laissa glisser le long de la paroi, jusqu’à ce que ses fesses
touchent le sol. Des larmes perlèrent dans ses yeux et commencèrent à rouler le long de ses joues. Non,
décidément, elle n’aurait peut-être jamais dû accepter cette mission, car certains souvenirs sont trop lourds à
porter.
Soudain, son poing se crispa. Elle frappa durement le sol, et se fit mal. Ce morceau
d’afloraltite lui rappela également pourquoi elle avait accepté l’enquête : pour en finir pour de bon avec celui
qui était venu sur K2-L pour l’afloraltite, tuant ses parents au passage. Elle ne devait pas abandonner, pas
maintenant. En souvenir de ses parents et ses proches disparus, en souvenir de toutes les victimes de ce
psychopathe, elle continuerait, quitte à y laisser la vie.
Samus se ressaisit. Elle essuya ses larmes, mit le cristal en sécurité dans une de ses
poches, et quitta rapidement ce labo un peu glauque. Maintenant, elle ne pouvait compter que sur elle.
Par où commencer ? Les indices étaient plus que minces : un cyborg raté qui fonctionne à
l’afloraltite, et qui fonctionne mal, en plus. Peut-être pouvait-elle essayer de savoir quelles étaient les
régions où on produisait encore de l’afloraltite.
Elle décida de consulter simplement l’ordinateur à bord de son vaisseau, lequel était tout de
même toujours relié au réseau d’information intersidéral, l’Unicom. Aux dernières nouvelles, l’afloraltite avait
progressivement été remplacée par des combustibles nucléaires, à cause de l’instabilité du minerai, qui avait
causé de nombreux accidents tragiques. Et en plus, la fusion thermonucléaire était bien plus productive que
l’afloraltite en matière d’énergie.
Pour autant, Samus apprit que les gisements étaient encore partiellement exploités, notamment
parce que l’afloraltite servait à canaliser des rayons dans certaines armes. Enfin, rien de bien intéressant.
Ce qui était un peu plus utile, c’était la localisation de ces gisements. Il y en avait à
peine une demi-douzaine dans toute la galaxie. Samus fut alors stoppée dans sa lecture par une dépêche datant
que quelques mois. Une carrière avait subi une attaque de Pirates de l’espace récemment, sans pour autant que
cet assaut se solde par un carnage. Les rapports indiquaient que les assaillants cherchaient, semble-t-il,
plus à reconnaître le terrain qu’à prendre la position. En somme, il y avait eu à peine quelques morts des
deux côtés, et les Pirates étaient repartis comme ils étaient venus.
C’était la seule dépêche intéressante que Samus put trouver : tous les autres gisements
étaient on ne peut plus tranquilles. Le seul gisement à surveiller de près était donc celui qui avait subi
cette « pseudo attaque ». Le gisement se trouvait sur une planète que Samus ne connaissait pas, Ghysra, dans un
système solaire assez reculé. Située à environ 12 années-lumière, cette planète plutôt hostile n’était utilisée
que pour ses ressources minérales, dont l’afloraltite. Aucune autre information disponible…
La jeune dame n’avait pas le choix : c’était la seule piste exploitable pour l’instant. Le
voyage allait durer quelques jours tout de même, vu la distance. Elle activa la fermeture hermétique de son
vaisseau, puis fit préchauffer les réacteurs. Après qu’elle ait entré les coordonnées de la cible dans le
système de guidage, un voyant rouge s’alluma sur le tableau de bord, signalant que le vaisseau était prêt à
partir. Samus n’attendit pas plus longtemps, et le vaisseau s’éleva dans un panache de fumée et de poussière
vers sa prochaine destination.
Le voyage se passa sans encombre et dura exactement trois jours. Samus était en vue de la
planète Ghysra, ainsi que de ses gigantesques puits de mines, qui recouvraient la surface et faisaient ressembler
cette planète à une grosse météorite criblée de cratères. Mais Samus voyait aussi de la fumée, et pas qu’un peu.
Elle vit aussi de gigantesques brasiers au fond des plusieurs puits, ce qui ne la rassura pas du tout. Elle
décida de se poser sur une colline à l’écart des mines, sentant que quelque chose ne tournait pas rond.
A peine avait-elle mis un pied hors de la carlingue que déjà son costume de puissance vint la
protéger. Elle décida de se diriger prudemment vers le puits le plus proche, du fond duquel elle pouvait voir
jaillir de grandes flammes rougeâtres. Tout ceci n’était vraiment pas normal.
Le puits était entouré d’une barrière électromagnétique, afin d’éviter les accidents. Un petit
bâtiment, presque une cabane, protégeait la seule entrée possible dans le périmètre. Le viseur infrarouge de la
combinaison détecta de la chaleur, émanant d’êtres vivants. En effet, dans le petit poste de garde se tenait deux
personnes. Samus s’approcha, toujours prudemment, et en restant à l’abri des regards. Soudain, elle s’arrêta
net : les paroles qui sortaient de la fenêtre, elle ne les comprenait pas. Mais elle savait les reconnaître :
il s’agissait du langage oral des Pirates…
Plus de doute possible, les deux gars dans la bâtisse étaient bien des Pirates. Et nul
doute que si Samus se montrait, ils donneraient l’alerte aussitôt. Bien qu’elle ne pouvait pas comprendre leur
langage, elle pouvait tout de même se servir du traducteur de son ordinateur de bord pour comprendre l’essentiel.
Et ce qu’ils racontaient faisait froid dans le dos… Ils se félicitaient de la façon dont tout leur régiment avait
attaqué la planète, avait décimé le personnel minier. Mais le pire était à venir : ils faisaient disparaître les
preuves de leurs actes et les corps… au fond des mines, en brûlant tout.
Samus eut la chair de poule, en entendant cela. Sa haine était trop forte, il fallait faire
quelque chose. Ni une ni deux, elle passa à l’action. Entrant par la fenêtre en boule morphing, elle posa une
bombe de puissance en plein milieu de la pièce où elle venait d’entrer. Les deux Pirates n’avaient rien vu
venir, pas même leur mort. Ils furent désintégrés sur place, sans réagir. Après l’explosion, il ne restait
d’eux que deux tas de cendres fumantes. Samus n’eut même pas envie de jeter un coup d’œil aux restes de ces
deux créatures abominables, ni même de regarder le brasier au fond du gouffre.
Il y avait là un ordinateur, que Samus put pirater facilement. Elle découvrit donc plus en
détails ce qui s’était passé ici. Les Pirates, après une petite mission de reconnaissance, étaient revenus avec
plusieurs frégates pleines d’armes et de soldats. Le personnel minier avait été purement massacré, toutes les
installations humaines détruites, et le reste brûlé dans les puits. Pour autant, les Pirates semblaient avoir
conservé une grande majorité des puits, tout en installant leurs propres stations d’extraction. Ce qui
renforçait l’hypothèse de Samus : ils avaient besoin d’afloraltite pour faire marcher des clones de Ridley. Et
puisqu’ils avaient pris possession d’une planète entière, plutôt que d’essayer de voler un seul convoi, cela
signifiait que leurs projets étaient gigantesques… L’idée de l’usine fabriquant des Ridley à la chaîne se
profilait de plus en plus dans la tête de Samus. Elle devait arrêter tout ça avant que la situation ne
dégénère.
Mais que faire ? Par où commencer ? La tâche était si vaste ! Fallait-il d’abord
complètement éradiquer les Pirates de la surface de Ghysra, ou bien fallait-il plutôt chercher l’endroit où les
clones de Ridley étaient préparés ? Samus ne savait pas, elle ne savait plus. Tout ceci commençait un peu à la
dépasser…
Elle sortit de la petite cabane, sans faire attention à ce qui se passait. Et elle tomba nez à
nez avec deux Pirates, qui venaient probablement prendre la relève de leurs collègues déjà morts. Samus fut
autant surprise que les deux soldats en face d’elle. Mais ce fut la jeune dame la plus rapide : elle tira
aussitôt une rafale de rayons en direction de deux Pirates, lesquels essuyèrent les tirs en criant. Il en
fallait plus pour les tuer, et l’un d’eux en profita pour partir donner l’alerte, pendant que son collègue
resta pour s’occuper de l’adversaire. Le fuyard fut stoppé net par un tir de plasma chargé à pleine puissance,
qui le tua sur le coup. Mais la cible poussa un cri affreux qui résonna dans toute la vallée. Le second pirate
essaya de toucher Samus à plusieurs reprises, sans succès, jusqu’à ce que celle-ci le tue de la même façon que le
premier.
Mais il était sans doute déjà trop tard. Le combat avait dû faire du bruit, et comme un
Pirate n’est jamais seul longtemps, l’alerte allait bientôt être donnée. Il ne fallait pas traîner. Samus repéra
rapidement un puits un peu plus loin, duquel ne s’échappait aucune flamme. Peut-être que les Pirates
l’exploitaient encore. Elle se dirigea au pas de course vers ce puits, encadré par de grands bâtiments de
conception humaine. Mais quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu’elle vit que tout un bataillon de Pirates était en
train de manœuvrer juste devant ces bâtiments ! Il y avait là une cinquantaine de Pirates, armés jusqu’aux
mandibules, prêts à en découdre, qui s’entraînaient paisiblement. Une chance : ils ne l’avaient pas vu arriver.
A une dizaine de mètres près, elle se jetait dans la gueule du loup, et elle n’aurait probablement pas
survécu.
Doucement, sans mouvement brusque, Samus contourna un piton rocheux, pour s’approcher du
bâtiment sans pour autant attirer l’attention. Elle se tenait à une dizaine de mètres du bâtiment principal,
elle y était presque. Il n’y avait personne, elle se trouvait dans un angle mort. Tout allait bien… Mais soudain,
l’alarme se mit à hurler de toutes ses forces. Les haut-parleurs dispersés un peu partout répandirent la
nouvelle : le Chasseur est là, sur Ghysra, et il a déjà tué quatre soldats.
Aussitôt, ce fut l’affolement, tant du côté de Samus, qui ne savait plus trop où se cacher,
que du côté des Pirates, qui se mirent à ratisser chaque mètre carré de la planète pour mettre la patte sur le
Chasseur.
Ce que Samus n’avait malheureusement pas vu, c’est qu’au sommet du bâtiment qu’elle essayait
d’infiltrer se tenaient deux sentinelles dans des tourelles de gros calibre. Elle s’en rendit compte quand un
gros projectile verdâtre vint creuser un grand cratère juste devant ses pieds. L’explosion la projeta en
arrière, dans un souffle poussiéreux. Elle se releva à peine quelques secondes plus tard, mais c’était déjà
trop : une dizaine de fusils quantiques la tenaient en joue, l’empêchant d’aller plus loin. Son périple à la
surface de Ghysra n’avait pas duré longtemps.
Bidoman
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Fin du chapitre 3
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