L'ENIGME RV7
Chapitre VI : l’enfer blanc
A bord de son confortable vaisseau, Samus profitait pleinement du pilotage automatique qui
la menait paisiblement et sans effort vers sa prochaine destination : Drobe. Elle pouvait enfin souffler, après
avoir quitté cette fichue planète Ghysra, qui était devenue pour elle un véritable enfer, où elle avait failli
laisser la vie à plusieurs reprises. Maintenant, elle était bien en sécurité, et en profita pour se reposer un
moment.
Auparavant, elle envoya un rapport à la Fédération, sur ses découvertes sur Ghysra. Elle
conseilla aussi l’envoi de nombreuses troupes sur la planète, pour la libérer de la domination pirate. Si les
Marines de la FG n’intervenaient pas sur Ghysra, la mission de Samus deviendrait totalement inutile, puisque si
elle parvenait à mettre hors course la production de clones, les Pirates détiendraient toujours les gisements
d’afloraltite, et il faudrait tout recommencer depuis le début. Bref, Samus ne pouvait tout de même pas tout
faire à elle seule !
Après avoir traversé manuellement un champ d’astéroïdes, Samus arriva en vue de la planète
Drobe. Elle était plutôt petite, cachée dans l’ombre d’une planète plus grosse. Samus comprenait maintenant
pourquoi les activités des Pirates dans la zone étaient passées totalement inaperçues : cette région reculée et
difficile d’accès était la cachette parfaite pour des activités illégales.
L’ordinateur de bord de Samus sortit une liste de caractéristiques sur la planète Drobe. Ce
petit astre était particulier : il restait en permanence caché derrière cette grosse planète devant lui, ce qui
rendait Drobe complètement invivable. Elle ne recevait absolument aucune lumière de son soleil, ce qui était un
phénomène extrêmement rare dans l’Univers. De ce fait, aucune vie n’existait sur Drobe, et aucune civilisation ne
l’avait colonisée, ou même annexée à un quelconque empire. La nuit était permanente, la température ambiante y
était proche du zéro absolu. Bref, la planque idéale pour les Pirates, prêts à subir les pires conditions de vie
pour s’enrichir. Et sans doute avaient-ils eu le temps de mettre en place un bon nombre d’infrastructures pour
faciliter leurs travaux.
Pénétrant le champ gravitationnel de la planète, Samus activa des détecteurs à infrarouge.
Son idée était de repérer les activités pirates grâce à la chaleur émise, ce qui n’allait pas être difficile,
puisqu’il n’y avait rien d’autre de vraiment chaud sur ce bout de roche spatial.
Soudain, le radar se mit à briller de toutes ses diodes : un pic de chaleur inhabituel avait
été repéré. Samus ajusta sa trajectoire en fonction des coordonnées du point chaud, puis ralentit l’allure du
vaisseau, à la fois pour entrer sans souci dans l’atmosphère, mais aussi pour passer inaperçue. Lors de la
descente vers le sol, le vaisseau se couvrit d’une épaisse gangue de glace, et Samus dut activer un bouclier
dégivrant pour ne pas trop alourdir la carlingue. Finalement, Samus parvint à se poser sans mal. Les réacteurs
firent fondre la glace qui recouvrait le sol, et le vaisseau atterrit paisiblement sur une dalle rocheuse, dans
une plaine entièrement recouverte de neige. Samus n’avait jamais vu un tel paysage : parfaitement blanc, ne
laissant rien voir d’autre que de la glace. La température externe frôlant le zéro absolu, la neige était même
composée d’azote, un composé dans le seuil de solidification était particulièrement bas. Et en plus de tout
cela, la nuit était permanente… Puisque Drobe était cachée par cette autre planète gigantesque, la nuit n’avait
jamais de fin. Un vrai décor galactique et inhospitalier.
Samus sortit de son vaisseau avec prudence, après s’être bien assuré d’avoir ajusté les
capacités de son costume Varia au maximum. Elle activa également un mini projecteur qui se trouvait sur son
plastron, afin de voir où elle mettait les pieds. Enfin, elle enclencha son viseur à infrarouges, pour détecter
précisément la source de chaleur.
Après avoir parcouru quelques dizaines de mètres dans une neige épaisse et difficilement
praticable, Samus capta à nouveau un signal intéressant. Il se situait en revanche juste sous ses pieds…
L’ordinateur indiquait que la source était à trente mètres en profondeur… Il allait falloir creuser, ou plutôt
déneiger, ce qui allait être facile, à l’aide du lance-flammes que possédait la combinaison. La gerbe de flammes
fit fondre l’épais manteau blanc en un panache de vapeur étouffant. Samus avait bien entendu reculé, pour ne pas
être emportée dans le trou.
Le déneigement dura quelques bonnes minutes. Samus était descendue peu à peu dans le trou.
Arrivant presque à trente mètres, elle décida d’arrêter son lance-flammes, pour finir de creuser manuellement.
Ses doigts se heurtèrent vite à quelque chose d’inhabituellement dur, pour de la neige… En déblayant le reste de
neige, Samus découvrit une plaque grisâtre, une sorte de métal. Elle venait visiblement de trouver un entrepôt
pirate, ou un laboratoire.
L’analyse révéla que ce métal inconnu était particulièrement épais et extrêmement résistant.
L’arsenal de Samus n’en viendrait jamais à bout. Il fallait donc trouver une entrée. Samus réactiva son
lance-flammes, et poursuivit son dégagement en cercles de plus en plus grands autour d’elle. La neige fondait
peu à peu, mais était tellement compacte et dure que les couches supérieures ne s’effondraient même pas ! Enfin,
pas pour l’instant…
Au bout d’une dizaine de minutes, la chasseuse parvint enfin à quelque chose de plus
intéressant : le métal, jusque là disposé en plaques horizontales, formait un angle qui partait vers le bas.
Samus était donc sur une sorte de toit. Le travail de sape se poursuivit le long de ce mur de métal. Et
finalement, après une nouvelle descente d’une dizaine de mètres, Samus toucha le sol rocheux. Elle était au pied
du bâtiment, coincée dans un faible couloir de glace et de neige compact et relativement stable. La situation
était oppressante : elle avançait sans savoir où aller… Mais il ne fallait pas s’arrêter là, et en déblayant la
neige le long des murs, elle trouverait bien une entrée à un moment ou un autre…
Ce fut bien le cas. A force de déneiger, Samus parvint à une entrée. Une grande plaque en
métal, plus grande que les autres, bloquait l’entrée au bâtiment. Un code la protégeait. La jeune dame n’eut
aucun mal à contourner le système informatique grâce à son viseur. La porte s’ouvrit, donnant sur une sorte de
sas.
Le sas était là pour rétablir une pression normale (puisque le complexe pirate était situé
en profondeur) mais servait aussi à habituer l’arrivant à la température de l’intérieur. Samus passa cinq bonnes
minutes dans ce sas avant d’être parfaitement prête. Une chance pour elle : la seule caméra aux alentours était
située à l’extérieur et avait gelée… Le sas n’était absolument pas sécurisé, ce qui lui facilitait la tâche.
D’un autre côté, qui pourrait creuser sur quarante mètres une neige dure comme de la pierre pour trouver un
bâtiment quelconque sur une planète perdue ?
Le sas finit de rétablir la pression. Samus arma son canon avant de pirater l’ouverture
magnétique du sas, prête à faire feu à la moindre occasion. La lourde porte métallique roula lentement sur son
rail au sol, et rentra lentement dans le mur. La tension était à son comble : peut-être les Pirates
l’attendaient-ils derrière ? Peut-être trouverait-elle un bataillon entier prêt à l’exécuter ?
Non. Au lieu de cela, une vision macabre s’offrit aux yeux de Samus. Lorsque le sas s’ouvrit,
un froid polaire l’envahit, même si elle était bien protégée dans son armure. La base souterraine pirate était
là, mais l’inattendu s’était produit : au lieu de découvrir une base active et grouillant de pirates, elle ne
trouva que des ordinateurs gelés et en panne, des équipements scientifiques hors d’usage, et des dizaines de
cadavres pirates… Les uns étaient gelés, les autres étaient éparpillés dans tous les recoins. Certains cadavres
ne ressemblaient même plus à des pirates… Samus fut horrifiée : qui pouvait avoir fait ça, ici ? Encore une
erreur de manipulation génétique, comme dans leur frégate au-dessus de Tallon IV ?
Samus progressa lentement, au milieu des corps. Elle se rendit compte que la grande salle
dans laquelle elle se trouvait possédait un gros trou au plafond, recouvert par un épais manteau de neige et de
glace. C’était sans doute la cause du froid régnant ici : quelque chose ou quelqu’un était entré par en haut… ou
bien était sorti. Quoi qu’il en soit, les dégâts occasionnés étaient considérables.
La chasseuse arpenta les couloirs désespérément déserts de l’installation. Elle découvrit tous
les projets des Pirates : des clones de Ridley dans des réservoirs de stase, des ateliers de robotique
construisant les pièces mécaniques des clones, des laboratoires où on effectuait des tests. Mais aucun signe de
vie…
En entrant dans un laboratoire, Samus trouva par hasard un cadavre qui n’en était pas un :
un pirate se tenait allongé sur le sol, encore en vie, mais pas pour longtemps. Samus le tint en joue, mais
celui-ci lui demanda de s’approcher.
« - Pas d’entourloupe, pirate. Je n’aurais aucune pitié à t’abattre si tu tentes quelque
hose…
- Dans mon état… que puis-je… faire ? Et en plus, … tu tuerais sans doute… le dernier
survivant de la base…
- Ok, je te fais confiance, mais une confiance limitée. Parle tant que tu le peux : que
s’est-il passé ici ?
- Ah, on menait… des expériences, sur les clones… Ridley était là, il… supervisait le projet…
Mais tout à coup…
- Quoi ? Parle !
- Tout à coup… Il est devenu fou ! Il a tout détruit, il a… tué tout le monde. Il s’est enfuit
avec… des clones prêt au combat. Quelque part sur Drobe… Il a causé la mort des quelques rescapés… en défonçant
le plafond principal… Le froid a eu raison… de nos équipements et de nos vies…
- Où est-il parti, d’après toi ?
- Je… Je ne sais pas… Il a dit dans sa colère… qu’il avait autre chose à faire sur Drobe… Il…
Il est… »
Le pirate rendit son dernier souffle et ferma les yeux. Samus avait presque de la pitié
pour lui. Désormais, sa vraie cible n’était plus les Pirates, dont les installations n’étaient plus en mesure de
nuire, mais Ridley…
Bidoman
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Fin du chapitre 6
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