GUNPEI YOKOI
Cette page est l'occasion de rappeler aux vieux joueurs, ou de raconter aux
jeunes joueurs l'histoire d'un homme formidable qui a joué un
rôle sans pareil dans l'histoire des jeux vidéo. Sans lui, Nintendo serait-il
ce qu'il est aujourd'hui ? Sans lui, les jeux vidéo seraient-ils ce qu'ils sont
aujourd'hui ? Sans lui nos ordinateurs personnels seraient-ils aussi puissants ?
Ce sont des question qu'après tout il importe peu de se poser puisque Gunpei
Yokoi a effectivement existé et a vécu la vie que je vais vous raconter
maintenant.
Rédigé par Akin
Né le 10 septembre 1941 / décédé le 4 octobre 1997
Tout commença
en 1941, à Kyoto, quand une jolie jeune femme de nationalité japonaise mit au
monde un petit bébé qu'elle décida d'appeler Gunpei. Ce petit enfant passa sa
jeunesse à Kyoto, il y étudia et en sortit d'ailleurs avec un diplôme d'électronicien.
Il décida alors de chercher du travail et se fit engager
assez rapidement, en 1965, par une petite entreprise en pleine expansion du nom
de Nintendo Company Limited, cette même entreprise qui jadis produisait des
cartes à jouer du nom de Hanafunda pour la famille impériale et plus tard pour
un plus large public avec des motifs Disney. A cette époque là, Nintendo
Co_Ltd s'était lancé dans la conception d'appareils ménagers comme des fours
à cuisson programmable, ou encore dans des services comme des taxis ou des Love
Hotels (dont le plus fidèle client était le président de Nintendo, Hiroshi
Yamauchi lui-même).
Gunpei Yokoi fut engagé pour assurer la maintenance d'une
chaîne d'assemblage de l'un des produits totalement loufoques de Nintendo. Il
excella particulièrement dans ce domaine, ce qui poussa la direction à
envisager un nouveau travail pour ce jeune homme plein de talent. En 1968 fut
créé le département Games dont le but était de créer de petits jeux électroniques
pour un large public. Gunpei Yokoi fut nommé directeur de ce département, et
se lança dans des projets assez loufoques une fois de plus, mais qui contre
toute attente ont eu un énorme impact sur le public japonais, notamment au
début des années 70, ce qui poussa la société Nintendo à se concentrer
d'avantage sur ce secteur.
Parmi les créations de Yokoi, on trouve le Love tester.
C'est un petit appareil qui lit soit disant dans le ciel pour savoir si deux
personnes sont faites l'une pour l'autre. En fait le principe est simple : la
machine répond oui la plupart du temps, du coup, tout le monde est content. On
trouve aussi, un peu plus tard, le Laser Shooting System, qui est un modèle
réduit de ce qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de MegaZone.
Vers 1976, Hiroshi Yamauchi, le président de Nintendo,
retrouva un vieil ami d'enfance avec qui il discuta. Tous deux firent mûrir une
idée : lancer Nintendo dans la voie du jeu vidéo. A cette époque, la firme
américaine Atari avait déjà sorti une console, et Nintendo décida de faire
la sienne, pour les japonais. Après s'être allié avec Mitsubishi, qui à
l'époque se lançait sur le terrain de Intel, Nintendo sortit sa toute
première console, la TV Color Game 6, avec quelques disquettes de jeux. Ce fut
un succès relatif, qui motiva Nintendo à continuer dans cette voie là.
Hiroshi Yamauchi demanda à Gunpei Yokoi de se concentrer
sur les consoles de jeux. Notre bien aimé créateur de génie créa assez
rapidement le D-Pad, spécialement pour les bornes d'arcade que Nintendo
prévoyait de fabriquer à l'époque. Le D-Pad, plus connu aujourd'hui sous le
nom de "croix multidirectionnelle", avait pour but de remplacer le
joystick que Yokoi trouvait peu pratique. Notez que l'invention est restée,
puisqu'on la voit sur toutes les consoles depuis lors.
Quelques années passèrent sans trop d'inventions
majeures à signaler. En 1977 entra dans la firme un nouveau collègue du nom de
Shigeru Miyamoto qui créa en 1981 le jeu Donkey Kong. Ce fut le déclic pour
Nintendo. Le jeu s'exporta vers les États Unis avec l'aide de Nintendo of
America récemment créé. Le succès fut tellement grand que Yamauchi décréta
que l'avenir de Nintendo se ferait dans les jeux vidéo. Gunpei Yokoi fut encore
sollicité pour trouver quelque chose de nouveau. Il chercha, chercha, et...
Cette même année 1981, il termina enfin un vieux projet
: faire une console portable : le Game&Watch. c'est un petit appareil plat
de quelques centimètres carrés qui contient un jeu en noir et blanc (la
couleur sera ajoutée plus tard). On dénombre une petite soixantaine de jeux à
être sortis sur cette petite console entre 1981 et 1990. Donkey Kong a été le
tout premier jeu Game&Watch en couleur. Fort de ce succès, Gunpei Yokoi
devint directeur-fondateur du département Research and Development 1 :
R&D1, poste qu'il a occupé jusqu'à son départ.
En 1982, Yokoi fut sollicité pour un nouveau projet de
console de salon. Cette console sortit en 1983 sous le nom de Family Computer,
ou Famicom. La console était un petit bijou de technologie pour l'époque. et
elle l'est restée très longtemps. En 1984, elle vit le jour en Amérique du
Nord avec un design différent, sous le nom de NES (Nintendo Entertrainment
System). Deux ans plus tard, en 1986, elle arriva jusqu'en Europe. La console
s'est vendue à plus de 50 millions d'exemplaires, score qui paraît énorme
face à la nouveauté du genre, et au faible intérêt des jeunes de l'époque.
Cette même année 1986, Yokoi réalisa son tout premier
jeu vidéo signé de sa propre main : Metroid.
Le succès du jeu au Japon n'a pas été mauvais, mais n'a demandé qu'à se
confirmer en sortant en occident.
En 1989,
Gunpei Yokoi décida de reprendre le principe du Game & Watch et de l'associer
avec les caractéristiques de la NES. C'est ainsi qu'est née la GameBoy,
console portable jumelle de la 8 bits qui s'est vendu à plus de 110 millions
d'exemplaires dans le monde entier en 10 ans d'existence. Inutile de préciser
que le succès a été immédiat. C'est d'ailleurs sur cette console qu'est
sortie la deuxième aventure de notre amie Samus Aran : Metroid
II : Return of Samus. Précisons également que Gunpei Yokoi a fait parti de
l'équipe de développement du jeu le plus connu de la ludothèque GameBoy :
Tetris, puisque c'est en association avec Nintendo R&D1 que Alexey Pazhitnov
a développé ce titre légendaire.
Yokoi ne participa pas à l'élaboration de la Super
Famicom (Super Nintendo), mais à quelques uns de ses jeux, notamment Super
Metroid.
Après
ça, Yokoi se lança dans un nouveau style de console portable. Cette fois,
l'idée était de fabriquer un casque binoculaire qui projetterait des images en
3D. La console sortit sous le nom de Virtual Boy. c'était une console de
génération 32 bits. Malheureusement, ce fut un ratage complet : il n'y avait
que deux couleurs agressives : le noir et le rouge, l'appareil était assez
lourd et la manette très inconfortable. Échec au Japon, échec en Amérique,
l'appareil ne vit même pas le jour en Europe, et Yokoi décida de quitter
Nintendo. C'était en 1996, un peu avant la sortie de la Nintendo64.
Après avoir quitté Nintendo, Yokoi fonda une petite
société du nom de Koto dont le but était de créer de nouveaux concepts sans
être assommé par les contraintes de qualité dues au nom "Nintendo".
Cette petite société, partenaire avec Nintendo, aurait ainsi pu proposer des
projets et les élaborer en toute sereinement, et Nintendo aurait eu le choix de
les accepter ou non. Malheureusement, le sort voulut que cette société ne
fonctionnât pas, car Gunpei Yokoi fut victime d'un accident de voiture qui lui coûta
la vie. C'était en 1997.
Ce jour là, l'humanité perdit l'un de ses plus brillants
génies, et l'industrie vidéo ludique perdit l'un de ses pères fondateurs.
Puisse la mémoire de Gunpei Yokoi traverser les âges sans être altérée,
puissent les joueurs remercier ce génie du fond du cœur chaque fois qu'ils
prononcent le mot "jeux vidéo" ou le nom "Nintendo", car
Gunpei Yokoi a joué un rôle plus qu'important dans la naissance de ce monde
vidéo ludique dans lequel nous et des millions d'autres fans à travers le
monde nageons chaque jour de notre vie.
Gunpei Yokoi avait 56 ans le jour de sa mort, et avait
déjà pensé de nombreux projets qu'il s'apprêtait à réaliser. Ces projets
ne verront jamais le jour.
Akin
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